J’ai eu l’occasion récemment de déjeuner avec un Colombien installé en France depuis 7 ans, qui fait le constat que ce n’est pas la France qu’on lui a vendue. Il imaginait un pays accueillant, ouvert aux idées neuves, propice pour développer des contacts, des projets… Il découvre un pays rabougri, qui refuse tout ce qui ne respecte pas les critères de sécurité.
De souche Libanaise, ayant grandi en Colombie, et venant de terminer à Paris un Master en commerce international, il pensait pouvoir trouver un poste dans une grande ou moyenne, voire même petite, entreprise pour que son potentiel permette à cette entreprise de travailler sur de nouveaux marchés. Mais il a le malheur d’avoir fait plusieurs métiers au cours de sa jeune carrière. Il n’a donc pas le profil pour tout poste exigé ici, telle que les annonces d’emplois peuvent le montrer : « on vous propose de faire la même chose que ce que vous faites depuis 10 ou 15 ans, mais de le faire chez nous ! ». Comme il me le disait, on ne propose pas de poste à quelqu’un en jaugeant le potentiel. Il en venait à se demander s’il n’aurait pas dû aller à Londres plutôt qu’à Paris. Selon lui, ce qu’il y aurait perdu de contact humain, il l’aurait compensé par la possibilité d’affronter des challenges professionnels que la culture anglo-saxonne propose. Finalement, il en train de chercher à développer un projet dans le secteur du tourisme. Je ne serais pas étonné qu’il mette en place son projet de l’extérieur de France. Bref, je suis encore gêné de constater le gâchis pratiqué.
L’autre sujet de discussions a tourné autour d’Ingrid Bétancourt. Il me confirme ainsi que le parti d’Ingrid Bétancourt représente moins de 1% ; qu’elle misait sur une libération avant les élections ; qu’on lui avait de multiples fois déconseillé de se rendre sur le lieu où elle s’est faite enlevée ; qu’elle avait exigé que le gouvernement mette à sa disposition un hélicoptère avec hommes pour se rendre là-bas (qu’elle n’a pas obtenu – pourquoi l’Etat mettrait à disposition ses moyens pour les candidats ?) ; que le gouvernement peut difficilement se départir de sa position « on ne négocie pas avec les rebelles »… bref, qu’elle sur-focalise l’attention médiatique au détriment de tous ceux qui connaissent ces problèmes d’enlèvements, mais également au détriment de signaux positifs existant par ailleurs. Je comprends cette position fournie par une autre grille de lecture que ce que l’on nous propose dans les médias français.
En même temps, comme je lui explique, c’est tout de même le fait d’en parler qui peut permettre de débloquer ce type de situations (cf. Florence Aubenas). C’est la pression constante sur le gouvernement colombien qui permettra de déboucher sur une solution. Qu’il n’est pas mauvais, pour le long terme, que le problème de la Colombie soit relayé à l’extérieur, même si effectivement je pense que les médias devraient de temps en temps chausser des lunettes mieux adaptées pour éclairer certaines situations. Qu’il faudra surtout ne pas manquer l’occasion de la conclusion de cette affaire pour mettre sur le devant de la scène les forces de ce pays.
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