3/08/2010

Joseph Kessel - L'heure des châtiments

C'était en 2009, les 30 ans de commémoration de la mort de Joseph Kessel. A cette occasion, les éditions Tallandier publient une collection, sous la direction de Jean-Claude Zylberstein, qui reprend les articles publiés par Joseph Kessel en sa qualité de journaliste. 

L'Heure des châtiments couvre la période qui va de 1938 à 1945. Il y a la guerre civile en Espagne, le début de la Guerre, la débâcle française, la résistance, la victoire, le jugement de Pétain et Nuremberg. 

La qualité d'écriture de Joseph Kessel est une chose rare. Outre sa qualité de savoir où il doit être au moment où c'est le plus nécessaire (Madrid, Rethel, Dunkerque, Marseille, Londres...etc.) - ce qui en soi est déjà un avantage certain sur le commun des journalistes, il sait par ailleurs raconter le détail qui permet de comprendre la globalité d'une situation. C'est à chaque fois un geste, un fait, une couleur, une parole... qui permet de saisir l'atmosphère dans son ensemble, sa perspective présente et historique. Comme si en chaque situation, un point particulier cristallisait la globalité et qu'en mettant en relief ce point on permettait de saisir le tout. Sans talent, nous nous retrouverions avec une collection de faits divers comme le font la plupart des journalistes... 

Et on se prend à rêver, ou à regretter, de ne connaître personne de ce calibre à notre époque... 


Suite Française - Irène Nemirovsky

Suite française d'Irène Nemirovsky raconte l'exode en 1939. Pour cela, Irène Nemirovsky propose un kaléïdoscope de personnages, de différentes couches sociales, qui pour certains vont se croiser. Ce n'est pas un "roman" historique qui analyse les événements. Simplement un récit, des récits, de la vie de tous les jours en cette période. Simple et efficace. 

Dans une deuxième partie, Irène Nemirovsky traite de l'occupation à travers la vie d'un petit village de campagne où cantonne une garnison allemande. Les hommes sont absents (morts ou prisonniers). Les Allemands logent chez l'habitant. Tout cela crée une promiscuité particulière, partagée entre le patriotisme et l'humain. Troublant. 

Par delà la qualité de l'écriture qui permet de mieux saisir les paradoxes et la complexité de cette époque, ce qui est le plus surprenant dans cet ouvrage sont les notes d'accompagnements du roman. La fin de l'ouvrage comporte en effet les notes personnelles d'Irène Nemirovsky qui construit son livre dans le quotidien de cette période. Cela donne d'autant plus de forces et de valeurs à sa capacité de recul et de clairvoyance. La toute dernière partie du livre reprend les correspondances échangées entre Irène, sa maison d'édition, son mari alors qu'elle est arrêtée et déportée en juillet 1942...