L'anonymat sur le Web (mais pas seulement) n'est pas nouveau. Les emails et les premiers sites webs perso avaient permis à certains de pouvoir communiquer de façon anonyme avec toute la perversion que cela peut comporter.
La stratégie du corbeau a de beaux jours en France... Cet été, l’hebdomadaire Le Point avait publié un feuilleton en épisodes sur un "drame" politique se nouant autour de lettres d’un mystérieux corbeau. Pas un jour sans que des procureurs, juges d’instructions, journaux, mais aussi directeurs du contrôle de gestion, directeurs des achats... ne reçoivent des lettres anonymes dénonçant le voisin, celui qui s'est enrichi, le marché attribué à untel parce que "autretel" a touché une commission...
Les blogs ne pouvaient pas échapper à ce phénomène, qui permet à tout un chacun de pouvoir s’exprimer « librement », rapidement, simplement... Tubbydev propose ainsi quelques liens (http://tubbydev.typepad.com/entreprise_et_blog/2005/10/comment_bloguer.html) permettant de pouvoir bloguer anonymement, selon le niveau de discrétion que l’on souhaite adopter. L'actualité a mis en avant le fameux Journal de Max (http://www.lejournaldemax.com/) - journal satirique d'un cadre en entreprise... Alataide relevait il y a quelques temps le blog d'un cadre RH (http://altaide.typepad.com/jacques_froissant_altade/2005/10/un_blog_de_drh_.html).
Le problème des blogs est bien souvent de définir la légitimité de ce qu'on y lit. C'est l'angle qu'ont choisi les journalistes qui se considèrent seuls habilités à relater une information, ou donner un point de vue (même les moins sérieux). Cette explosion de sites anonymes ne favorise pas la crédibilité que l'on peut porter au blog. Qui parle ? au nom de quoi ? en étayant ses dire sur quels faits ? ...
Je sais bien qu'il n'est pas toujours facile de dire toute la vérité, et que ce n'est pas toujours bon. Certes, l'histoire de France est marquée de pamphlets et auteurs anonymes (mais illustres) qui se lisaient sous le manteau et ont parfois permis de faire bouger les lignes.
Connaissant le caractère français, je crains toutefois que tout cela ne dérive rapidement sur les ragots et autres bassesses qui permettent de dénoncer (il suffit de relire quelques romans de Zola pour comprendre que c'est un plaisir malsain mais nécessaire que de pouvoir se délecter des malheurs ou des difficultés des autres, ou de se trouver des excuses pour expliquer la réussite des autres...). Il me semble qu'il y a un proverbe qui dit en substance : "Dites toujours du mal, il en restera toujours quelque chose". La France ressemble à un panier de crabes. Quand il y en a un qui va sortir du seau, les autres le rattrapent pour le remettre au fond. C'est l'égalitarisme, déviance du concept d'égalité.
Pour ma part j'adore la satire, la critique, le caustique (Fluide Glacial, Le Canard, Groland...). Mais au moins, tout est clair dans ces cas-là. Je ne suis pas certains que tous ceux qui mettent en place des blogs anonymes aient l'intelligence des grands pamphlétaires anonymes. Même si certains sites peuvent parfois être amusants, je trouve qu'il y a toujours quelque chose de malsain dans ces cas là.
Il me semble qu'il y a pourtant là des opportunités pour les structures censées faire ce travail de dénonciation qui est nécessaire : les syndicats, les corporations, les associations, (même les journalistes) ...
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