8/22/2007

Les vacances de M. Bush et petit d étour par Guantanamo

Si j'ai bien entendu à la radio ou à la télé en passant, M. Bush accepterait volontiers de venir passer des vacances en France à la condition qu'on lui mette à disposition une piste de VTT.

Plus que les actions menées depuis sept ans, voilà qui résume parfaitement le niveau intellectuel qui a gouverné l'un des pays les plus importants de notre planète, dans une période où il nous aurait fallu et pour de nombreuses années encore du tact, du doigté, de l'intelligence. Voilà qui résume une vision du monde, une conception des relations internationales digne des plus profonds abrutis. J'aurais pu chercher une excuse au titre que M. Bush vient de perdre son cerveau il y a peu en la personne de Karl Rove, ce qui l'oblige désormais à parler seul. Trop facile. Initialement, je me suis dit qu'il faudrait établir à l'attention de ce goujat un programme touristique et culturel capable de valoriser les atouts de notre cher vieux pays. Pour lui prouver qu'il y a bien d'autres choses à faire que du VTT. Pour lui donner envie de découvrir des choses délicieuses. Finalement, je me dis que ce serait s'échiner en vain, ce qui serait le comble pour venir en aide à un ancien alcoolique.

Lorsque vous serez en vacances du pouvoir - allez plus que quelques mois à tenir, ne les prenez pas chez nous. Vous ne méritez que les vols charters et les hôtels proposant des prestations full-inclusive.

Je profite de cette note sur M. Bush pour vous inviter à regarder, si vous le pouvez, le film actuellement diffusé sur Canal+ : "The Road to Guantanamo". C'est l'histoire de 4 pieds-nickelés anglais d'origine pakistanaise qui se rendent au Pakistan fin 2001 (vous savez, après le 11 septembre...) pour le mariage de l'un d'entre eux. Sur place, ils entendent beaucoup de choses à propos de l'Afghanistan voisine et décident (vous me direz, ce n'est pas forcément intelligent, mais à jeunesse en mal d'aventures...) d'aller voir sur place ce qui s'y passe. Après quelques péripéties, ils vont finalement se retrouver dans l'une des zones de conflits où des Talibans s'étaient retranchés. Ils font ainsi partie de la masse de prisonniers qui sont faits sur place et sont livrés aux Américains, convaincus ou à qui l'on a certifié que ces paysans armés sont l'élite des combattants d'Al-Qaeda. La suite est édifiante puisque d'interrogatoires en interrogatoires, les 3 jeunes (l'un se perd en route) se retrouvent à Guantanamo où ils vont passer plusieurs mois à subir des tortures physiques et mentales. Ils ne céderont jamais et refuseront toujours de signer quoi que ce soit ou d'avouer ce qui n'était pas vrai pour eux. On ne peut qu'être abasourdi, puis écoeuré du comportement des Américains... Des séquences d'archives de ce qui se disait au travers de la presse entrecoupent le film et permettent de mettre en exergue le décalage entre les relais des médias et la réalité. C'est ainsi que l'on a le droit à l'extrait de M. Bush le jour où il a déclaré que Guantamo présentait toutes les conditions satisfaisant au respect des droits de l'homme et aux conventions de Genève et qu'il ne fallait pas oublier que les prisonniers étaient des ennemis sans pitié qui ne partageaient pas nos valeurs (valeurs occidentales s'entend).

Très sincèrement, je ne partage pas ces valeurs non plus si elles reposent sur le mensonge et la torture. Je suis de ceux qui pensent que quels que soient les ennemis que l'on doit affronter, on se doit, par respect pour nos valeurs morales, de toujours faire preuve de respect. De s'élever au-dessus d'eux, non de se rabaisser à leur niveau. Je sais que ce n'est pas toujours simple et qu'il est parfois plus facile de céder à la tentation de frapper un peu pour obtenir des aveux. Dans ces cas-là les bourreaux sont toujours ceux qui frappent. Guantanamo est une tâche (politique, juridique, morale, humaine) qui risque de peser lourd dans l'histoire de nos valeurs occidentales. Il serait temps que l'on cesse de laisser croire que les Etats-Unis sont dépositaires des valeurs occidentales. Que les Etats-Unis soient un modèle économique, d'accord. Qu'ils soient un modèle social et politique, sûrement pas. Il serait également temps que nos intellectuels se bougent la plume pour exiger la fermeture de cette verrue qu'est Guantanamo. Eux qui ont été si prolixes il y a quelques années pour voler au secours de Dubrovnik, qu'attendent-ils pour agir ? Il est vrai que Guantamo ne permet pas de faire de longs textes valorisant l'érudition culturelle et historique comme c'était le cas de Dubrovnik. Et Guantanamo, c'est loin. Mais il y a sûrement matière concernant ce sujet à produire un texte aussi fort que le "J'accuse" de Zola. Un texte qui expliquerait ce que sont les valeurs occidentales, et qu'en conséquence il est impératif que les Etats-Unis ferment ce camp d'internement qui nous fait honte à tous.

Je sais que je n'ai pas une écriture qui facilite toujours les commentaires, mais pour une fois, j'aimerais vraiment vous entendre sur ce sujet. Qui sait ? Peut-être qu'une pétition en ligne pourrait avoir son utilité : un beau texte digne de Zola (mais qui l'écrit ?), traduit en autant de langues qu'il le faut (dont l'américain, mais avec des mots simples alors pour être sûrs qu'ils comprennent), un formulaire de pétition, un peu de soupçon de viral pour démultiplier le nombre de signataires... et peut-être qu'un beau matin, nous aurons participé au renforcement des valeurs qui fondent nos sociétés occidentales.



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