Alors que nous étions trois autour de la table à nous attaquer à nos sardines afin de les étêter, les équeuter, les vider d'un geste du pouce sanguinolant mais ferme et décidé, leur ôter l'arrête et finalement déposer le filet sur le plat amical, je me suis aperçu qu'il était quasi impossible de s'arrêter dans cette activité de boucher de la mer pour boire une lampée du verre de blanc qui nous accompagnait dans nos opérations.
Ce n'est même pas la peur de salir le verre en le prenant fermement dans sa main ensanglantée de tripes et jus de sardine. Non ! Simplement une absence d'esprit. Un hypnotisme dû à la répétition mécanique de ces manipulations de barbaque, tel l'ouvrier disqualifié à la chaîne, planté du matin jusqu'à l'heure de sa mort.
Vous en conviendrez, ceux qui veulent arrêter de boire devraient préparer des filets de sardine.
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