Nous avons découvert lors de notre dernière odyssée d'exploration dans la galaxie du Cenfaure, une planète en tout point similaire à notre bonne vieille Terre excepté que ses habitants, les Zoumains, semblent fonctionner, par une espèce d'ironie caustique du Grand Créateur cosmique, sur un système de valeurs en tous points opposés au nôtre. Comme une sorte de miroir permettant de préserver le grand équilibre intersidéral.
Chez les Zoumains, il est ainsi interdit de dire la vérité. Il est obligatoire de mentir. Dire la vérité, selon eux, correspond à décrire la réalité telle qu'elle est. Autrement dit, cela revient à figer ce qui est, à créer de l'immobilisme. Chaque réponse de Zoumain est ainsi une invitation à l'interprétation dont il faut bien comprendre les codes pour être à même de saisir les nuances permettant de faire la part des choses entre ce qui relève de l'anti-réponse pure et simple, de ce qui constitue une invitation à développer l'imaginaire et ainsi permettre à l'innovation de progresser.
Chez les Zoumains, il est bien vu de tuer son prochain dès lors que ce dernier constitue un handicap pour la société. Le faible ou le non-conforme, le marginal n'a pas sa place car il est freine la dynamique générale de la société qui cherche à avancer le plaus rapidement et le plus efficacement possible. Nombre d'affrontements ont lieu, qui produisent toutefois rarement des morts définitives, étant donné que ceux qui survivent sont globalement du même acabit. Vous l'aurez compris, les Zoumains sont des forces de la nature, comparés à nous autres, Terriens.
Chez les Zoumains, la notion de respect du prochain est donc absente. Le respect de son prochain implique un échange afin de comprendre les forces et faiblesses. Cela demande des échanges qui ne visent qu'à mieux connaître l'autre. C'est sans fondement chez les Zoumains qui considèrent par défaut être communs. Si tel n'est pas le cas, l'affrontement n'est pas loin dès lors qu'une différence de faiblesse est identifiée.
Chez les Zoumains, la notion de propriété est absente. Il ne s'agit toutefois pas de partage communautaire comme nous pouvons le rencontrer (de moins en moins je vous le concède) chez certaines tribus terriennes. Le Zoumain se sent une obligation de déposséder son prochain et d'accumuler un maximum de biens appartenant à autrui. L'accumulation à outrance est ce qui permet par certains côtés de définir un équivalent de notre statut social permettant de distinguer des classes d'appartenance entre les humains. Mais cette notion de classe est là-encore un non sens chez les Zoumains qui visent globalement à l'homogénéité. Le simple fait que tout le monde se sente propriétaire de toute chose provoque au final une moyenne de possession qui répartit finalement plutôt mieux les choses que chez nous autres Terriens. Chaque objet est ainsi soumis à un mouvement permanent empêchant toute accumulation dépréciative.
On pourrait croire à la lecture de ce récit que c'est inconcevable, mais je vous assure que tout cela est bien vrai, pour l'avoir vu de mes yeux et avoir eu l'opportunité de passer un peu de temps auprès des Zoumains. Tout cela procède d'une variante de ce que nous appelons l'équilibre des forces, mais dont la polarité est inverse de la nôtre.
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