1/03/2007

Mort de Saddam...

Ante Scriptum : Les environnements professionnels me semblant quelque peu tourner en rond en ce moment, je pense que mes prochaines notes devraient s'orienter vers des aspects plus connotés société, international...


J'ai été choqué par l'annonce de la pendaison de Saddam. Comme j'avais été choqué par les images de ce médecin américain qui lui consultait le contenu de la bouche devant les caméras...


Sans revenir sur les fondements de l'intervention militaire en Irak, je me permets simplement de rappeler que celle-ci était motivée par le risque international que faisait courir Saddam à la paix et à la stabilité, donc à la prospérité. Dans ce contexte, il est déjà surprenant que ce ne soit pas le Tribunal Pénal International de La Haye qui ait été mandaté pour conduire le procès de ce dictateur. Finalement, c'est la nouvelle justice irakienne qui a hérité du droit de  juger son dictateur. La nouvelle justice irakienne a respecté les canons étatsuniens. Avec l'apport de la démocratie, l'Irak a ainsi conservé la peine de mort.


Ainsi donc Saddam a été jugé coupable - mais son procès couvre-t-il toute la réalité historique qu'il était nécessaire de creuser ? condamné et pendu. Mais courageusement, en catimini. Si je suis convaincu que Saddam est coupable de crimes contre l'humanité, je ne pense pas que cela serve à grand chose de le pendre. Ce n'est pas faire honneur aux valeurs démocratiques que nous essayons de développer.


Si je peux concevoir l'acte de tuer dans le feu de l'action (encore faudrait-il définir ce que signifie le feu de l'action...), je ne le conçois pas - tout du moins, j'essaie de ne pas le concevoir, hors de ce cadre. Je ne conçois pas un système politique qui se veut civilisé qui fonctionne avec comme peine suprême la peine de mort. Jacques Chirac vient ainsi de décider d'inscrire dans la Constitution, d'ici la fin de son mandat, l'interdiction de la peine capitale.  C'est une bonne chose, même si l'on apprend à cette occasion qu'il restait une possibilité de revenir en arrière donc. Un système politique qui se veut humain est toujours très fragile. "Selon Amnesty international, au 12 décembre 2006, 128 pays et territoires ont aboli la peine de mort dans leur législation ou dans les faits, tandis que 69 autres maintiennent la peine capitale." (source L'Express). Je suis au moins d'accord avec les deux principaux candidats français. Pour N. Sarkozy : "la stabilisation en profondeur de cette région passe par la promotion des valeurs démocratiques. (...) Et je considère comme une étape indispensable du processus de démocratisation de l'Irak l'abolition de la peine de mort"." Pour S. Royal : "un sentiment indéfinissable de dégoût". "Je suis opposée à la peine de mort, fusse pour un dictateur abominable".


Concernant la situation en Irak, je ne pense pas, comme l'a déclaré Mme Royal, que cette mort pourrait servir de catalyseur pour développer un sentiment de solidarité parmi les Irakiens, qui seraient choqués d'une espèce de honte frappant leur pays à la suite de la diffusion des images. La situation est bien trop chaotique. Le nombre de factions politiques, obédiences religieuses bien trop éparpillées pour cela. Non, tout simplement, cette mort n'aura servi à rien.


La prison à vie a un coût qui peut paraître exhorbitant. Il est toujours plus simple de se dire qu'il ne s'agit que d'un monstre. Mais que gagne-t-on à devenir monstre soi-même ? De façon complètement utopique, j'aurais presque souhaité que l'on envisage de condamner Saddam à oeuvrer toute sa vie dans le cadre d'interventions humanitaires.



1 commentaire:

Béatrice de Fonclare a dit…

La condamnation à mort de Saddam n'a grandi personne en effet. Voir ma note de décembre "Peine de mort".