« Appelez-moi Dieu ! Nom de nom ! ». Ca avait résonné comme un coup de tonnerre. Il allait prendre une sacrée remontée de cale, le Dieu. Bon, vous me direz, ce n’était pas la première fois. Mais ce coup-là, ça sentait vraiment pas bon pour son matri.
Dieu essayait de se faire petit dans ses souliers. Comme à chacune des convocations par le Théorecteur, il n’en menait pas large et tortillait sa barbe naissante (Dieu était le plus jeune de la promo) autour de son index.
- Bon, Dieu, c’est quoi ce bordel encore ? C’est au moins le quatrième
monde que tu nous fous en l’air ? Et en plus ce coup-là, ça se
disperse. Regarde-moi ça, il commence à y en avoir partout. Tu vas me
faire le plaisir de ranger tout ça et fissa. On vous avait prévenu
qu’il ne fallait pas laisser vos créatures livrées à elles-mêmes. A
chaque fois, c’est la même chose. Elles imaginent qu’elles ne doivent
leur existence qu’à elles-mêmes. Elles s’inventent des règles qu’elles
ne tiennent pas et finissent toujours par se bouffer le nez, ou finir
complètement dégénérées. Mais là, c’est le pompom ! On ne les contrôle
plus. Regarde, elles envoient des pétards au-delà de leur zone de
survie…
- « Des fusées », ne pût s’empêcher de préciser Dieu. Ce sont des
fusées que ces créatures envoient pour découvrir l’univers. Mais le
plus étonnant, c’est qu’elles envoient aussi des satellites pour se
transmettre des ondes…
- Ben justement, est-ce que tu as vu ce souk autour de ta planète. Un
vrai capharnaüm. Sans parler que certaines de ces cochonneries sont
allées se perdre Moi sait où, au risque de provoquer des perturbations
incontrôlables. L’autre jour, Déa m’a signalé qu’un de ces objets
s’était écrasé dans son monde, en découpant un bon tiers. Disparu !
Emporté d’un seul coup. Elle qui avait mis 4 fois plus de temps que toi
à conserver et améliorer sa création. Des années lumières de travail
réduit à néant par ta faute. On vous a pourtant prévenu en cours de
gestion qu’il ne faut pas abuser de la conscience. Une pincée de
soupçon. Pas plus !
- Je reconnais avoir un peu forcé la dose, mais la dernière fois je
m’étais retrouvé avec des mollusques pas très intéressants. Bon, là, je
reconnais que ça va être un peu compliqué, avoua tout timidement Dieu.
Je ne sais pas comment faire. J’ai essayé de leur parler, mais elles
n’écoutent plus rien. Elles n’en font qu’à leur tête.
- Tu m’étonnes ! Il ne te reste plus qu’une seule chose à faire. Tout
nettoyer. La grande lessive. Un bon coup d’éponge et tu me reprends ton
Travail Dirigé depuis le début.
- Mais c’est impossible ! Je ne pourrai jamais finir dans les temps !
Laissez-moi au moins en conserver un peu, et repartir de là ?
Après une grande inspiration et quelques secondes de réflexions, le Théorecteur proposa une solution alternative :
- Ce que je te propose c’est de conserver un à deux spécimens les plus
intéressants parmi tout ce fouillis et de recommencer ton exercice avec
ceux-là. Mais je te préviens. C’est ta dernière chance…
- Merci Monsieur, répondit Dieu en se retirant sans plus en rajouter,
déjà tout heureux de ne pas avoir à tout reprendre complètement à zéro.
C’est ainsi que Dieu demanda à un certain Noé de sélectionner quelques spécimens qu’il mettrait dans une barque. Aussitôt fait, Dieu, à contrecœur, balança un grand seau d’eau sur sa petite planète, en étant sûr qu’il se rattraperait par la suite…
Publié en Juin 2007 par JBP
1 commentaire:
J'avais zappé. Bien sûr que je veux bien t'aider. On remet ça en septembre et cette fois on tient bon.
A +
C.L.
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